Traversée | Laurence Vielle | Poète National – Dichter des Vaderlands

Naamloos

Laurence Vielle est née à Bruxelles en 1968. Elle y vit toujours. Son père est suisse, sa mère est flamande ; elle aime les montagnes et la mer du Nord. Comédienne et auteure, elle aime dire les mots, surtout les écritures d’aujourd’hui.

Licenciée et agrégée en philologie romane, elle obtient le Prix supérieur d’art dramatique et le Premier prix de déclamation au Conservatoire Royal de Bruxelles [lire sa biographie: Maison de la Poésie – Namur]

Laurence Vielle is een dichteres die vooral live tot haar recht komt. “Wat ik schrijf, is spreekmateriaal, klankmateriaal. Ik lees graag hardop wat geschreven is,” zegt ze. Laurence Vielle noemt zichzelf een sprokkelaarster. “Ik sprokkel woorden, de woorden van anderen, van mij en de ritmen van de wereld. Daarna schrijf ik, en ik zeg graag die woorden.

Traversée

Le train in ons land
a amené
italiens polonais français
grecs marocains espagnols
et ceux de l’est
et ceux du sudet
ceux de l’ouest
et ceux du nord
a charrié forces vives
petit pays klein landje
depuis toujours pétride
tant de traversées
ah treinen treinen
train des partitions de fils
où chantent les corbeaux
le train avale visages
et puis les rend
aux quaisd’une autre vie
ah le train le train
qui déplace la mienne
d’un quai à l’autre
de l’Europe
d’une langue à l’autre
de la Belgique
de Bruxelles tu pars vers Liège
et puis Luik et puis Liège
de Bruxelles tu pars vers Mons
et puis Bergen et puis Mons
quand les bras de mon amour
sont là pour m’accueillir
il est bon le retour
et je pense à tous ceux
lâchés au quai d’ici
sans bras pour les cueillir
ah treinen treinen
petit train électrique
de mon père
de mon frère
traverse mon enfance
montagnes de carton pâte
personnages minuscules
nous recréions le monde
nous sommes ces petites femmes
tout petits hommes
réenchantons le monde encore
aux rails de nos vies
le train file défile enfile
les paysages de nos visages
qui se reflètent dans la vitre
se fondent à chaque prairie
à chaque ciel qui effeuille
toutes les formes des nuages
s’y perdent nos visages
train des premières ou secondes classes
les vaches blanches nous regardent
et l’animal sauvage immobile en effroi
train des courriers des marchandises
des pauvres bêtes d’abattoir
des convois noirs pas revenus
train de toutes les mémoires
ah treinen treinen
le train parfois est en retard
piétinent les passagers
quai du train qui déraille
de trein s’il part à l’heure
est sur ligne sans obstacle
si un corps n’est pas désespéré
est sur ligne sans obstacle
le train parfois est trash
et quand le train à grande vitesse
passe au pays d’à côté
mon âme assise reste à m’attendre
sur le quai de Bruxelles
le train parfois s’arrête à chaque gare
avant qu’elle ne s’efface
face aux guichets automatiques
salue l’homme au sifflet du départ
un bruit presqu’un klaxon
ferme les portes du wagon
et si le train ne roule plus
tout le pays est suspendu
au chant des corbeaux sur le fil
le train relie trace des lignes
cliqu’tis des tricoteuses
des baladeuses et des liseuses
train des ordis et des rêveurs
treinen des contrôleurs
train des traintrains quotidiens
emmène-moi au littoral
emmène-moi en Hautes Fagnes
ouvrons mijn vriend
ouvrons le train
aux sans papiers
aux sans riages
et que le train tout comme
les veines bleues du monde
charrie ici coeurs nouveaux
pour y semer entrains de vie
train démocratique fenêtres claires
offre-nous un ticket ouvert
chaque premier dimanche du mois
pour explorer tout bled
où les rails filent encore
que notre pays devienne
labo de nos curiosités
à l’étranger si près
qui partage avec nous
nos contrées séparées
oh ooooh train trrrrein
trrrrreinen trrrrrrrrrain
trrrrransporte-moi
trrrrravaille-moi
ébrrrranle-moi
entrrraîne-moi
trrrrame de roulis neufs
le tissu pâle
de nos corps endormis

et tandis que j’écris
un homme face à moi
en boule sur banquette
voyageur sans ticket
dans son silence implore
l’argent pour continuer
vivant le grand voyage

Laurence Vielle

in POÈMES 27 JAN 2016

Bron: Traversée | Poète National / Nederlandse vertaling Doortocht

Maarten Inghels:”Ik heb me voorgenomen geen blad voor de mond te houden”

Maarten Inghels die vandaag op Gedichtendag wordt ingesteld als stadsdichter van Antwerpen geeft zijn burgemeester Bart De Wever (N-VA) in een Open brief de raad om zijn Latijnse spreuken eens in te ruilen voor een gedicht. De Antwerpse schepen van Cultuur Philip Heylen (CD&V) reageerde gepikeerd.

Geamuseerd las ik “Stadsdichter schrijft brief aan De Wever” waarin hij  in het spoor van Paul van Ostaijen (die “linkse rakker”, zoals N-VA’ers hem plegen te noemen) zich verzet tegen bekrompenheid en lichtvoetig, helder en scherp (ook helemaal in de lijn van die andere linkse rakker, Herman De Coninck) zich voorneemt dichterlijk vrij te bewegen.

Op Maarten Inghels’ website lezen we zijn eerste stadsgedicht ’Proloog’, een ode aan de fantasie, het utopisch denken en de helende kracht van verbeelding.

Proloog

I
Ik hunker regelmatig naar een andere stad,
levend in de vele kamers van dit stenen hart.

Ik ken het kermende weer boven de uitgedoofde parken,
het oud zeer verkocht op de markten. Ik herken u en u en u.

Loop elke straat minstens één keer besluiteloos uit
—ik wil soms wanhopig afwezig zijn in uw midden.

Maar wat kleeft mij hier vast? Ik sneed een inkerving
in de stad en entte mezelf. Ik woelde de wonde open.

(Die dubbelzinnige wens om vuur te spuwenen
tegelijk de brandende benzine in te slikken.)

Het utopische verlangen om de boel te veranderen.
Voert een zondvloed mij ooit weg uit deze bocht van cement?

Bon, ça va, tant pis, het is hier vaak niet mis maar toch
schreef ik een alternatief scenario voor deze metropolis.

(Ook een lastig lief verdient het
om soms in ’t nieuw te worden gestoken).

Maarten Inghels

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